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  Dix poèmes contre la guerre

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المزاج :  Dix poèmes contre la guerre 0512_md_13389403801
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مُساهمةموضوع: Dix poèmes contre la guerre    Dix poèmes contre la guerre I_icon_minitimeالإثنين أغسطس 13, 2012 11:14 pm

Dix poèmes contre la guerre : Marchez, frappez, tuez et mourrez, bêtes brutes (Victor Hugo
dans Le Pape)dimanche 03 mai 2009




POEME 1 Marchez, frappez, tuez et mourrez, bêtes brutes (Victor Hugo dans Le Pape)
POEME 2 Maudis les corbeaux de malheur qui chantaient la guerre (Lucien Jacques)
POEME 3 Je voudrais voir les gens qui poussent à la guerre sur un champ de bataille (A. Ponsard)
POEME 4 Depuis six mille ans la guerre (Victor Hugo)
POEME 5 : Le cauchemar des deux mères
POEME 6 : Verbales chimères et tragiques dégoûts (poème d’Alexis Danan)
POEME 7 : Solitude (Solitude : extrait de l’album Sèves)
POEME 8 Les Martyrs (Henry Jacques)
POEME 9 Le défilé ( F. Coppée)
POEME 10 Petit, lorsque tu seras grand ( Henensal, instit à Roscoff, 1933)
POEME 11 Le dormeur du Val - (Arthur Rimbaud 1854-1891)
La Première Guerre Mondiale a brutalisé toute l’Europe, marqué tout le 20ème siècle. Le fascisme comme la Révolution russe ne peuvent être compris hors de cette matrice. Seuls, les grands industriels en ont tiré profit.
J’ai beaucoup vécu durant mon enfance à Entraygues avec des "vieux de 14". Après 1918 , les anciens combattants du village avaient voté à l’unanimité cette inscription pour le monument aux morts local : "A tous ceux qui sont morts par force". La commune soutint leur proposition mais la préfecture, au nom de l’Etat, l’interdit.
En leur mémoire comme en mémoire de tous les morts, les gazés, les handicapés à vie, les veuves, les orphelins... nous mettrons en ligne peu à peu quelques textes et poèmes, écrits essentiellement par des combattants pendant et après la Première Guerre Mondiale.

POEME 1
Maudis les corbeaux de malheur qui chantaient la guerre Extrait
... Un vieil homme pleure dans sa vigne.
Il avait deux gars. - Ils sont morts,
Morts à vingt ans et de la guerre
Plus de joie pour lui seul l’esseulé ...
*****
Vide le nid et ses petits tués
Pendant le temps qu’il répétait
Tous ces mots creux mais bien sonores :
Gloire, tenacité et autres fariboles.
*****
C’est ton tourment, ces mots impies
Que des bavards perchés au loin
T’avaient soufflés
C’est du poison dans ton vieux coeur.
*****
Tes gars sont morts ! - Pleure sur eux.
Pleure sur toi et plains leur mère
Et puis maudis... maudis... maudis
Les corbeaux de malheur qui chantaient la guerre.
Lucien Jacques (La pâque dans la grange)
POEME 2
Je voudrais voir les gens qui poussent à la guerre sur un champ de bataille (A. Ponsard 1814-1867)
*****
Je voudrais voir les gens qui poussent à la guerre,
Sur un champ de bataille, à l’heure où les corbeaux
Crèvent à coup de becs et mettent en lambeaux
Tous ces yeux et ces coeurs qui s’enflammaient naguère.
*****
Tandis que flotte au loin le drapeau triomphant,
Et que parmi ceux-là qui gisent dans la plaine,
Les doigts crispés, la bouche ouverte et sans haleine,
L’un reconnaît son frère et l’autre son enfant.
*****
Oh ! Je voudrais les voir, lorsque dans la mêlée
La gueule des canons crache à pleine volée,
Des paquets de mitraille au nez des combattants.
*****
Les voir tous ces gens-là prêcher leurs théories
Devant ces fronts troués, ces poitrines meurtries
D’où la mort a chassé des âmes de vingt ans.
POEME 3
Depuis six mille ans la guerre (Victor Hugo) Extraits
Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.
*****
Notre bonheur est farouche ;
C’est de dire : Allons ! mourons !
Et c’est d’avoir à la bouche
La salive des clairons.
*****
L’acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s’allument
Aux lumières des canons.
*****
Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez...
*****
Aucun peuple ne tolère
Qu’un autre vive à côté ;
Et l’on souffle la colère
Dans notre imbécillité.
*****
C’est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate ! Feu roulant.
C’est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?
*****
Celui-ci, je le supprime
Et m’en vais, le coeur serein,
Puisqu’il a commis le crime
De naître à droite du Rhin...
*****
On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l’ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux...
*****
Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté.
POEME 4
Le cauchemar des deux mères
***** 1
J’ai vu, dans un rêve attristé,
Deux chaumières presque pareilles,
Et deux voix dans l’obscurité,
Plaintives, qui frappaient mes oreilles.
***** 2
Chaque maison était cachée
Dans un de ces vallons prospère
D’où la guerre avait arraché
Bien des enfants et bien des pères ...
***** 3
La neige posait lentement
Ses flocons sur les branches mortes ;
La bise au long gémissement
Pleurait par les fentes des portes.
***** 4
Les deux foyers se ressemblaient,
Et devant le feu des broussailles,
Deux mères, dont les doigts tremblaient
Songeaient aux lointaines batailles
***** 5
Leur esprit voyageait là-bas :
Point de lettre qui les rassure !
Quand les enfants sont au combat !
Pour les mères tout est blessure !
***** 6
L’une comme l’autre invoquaient le ciel
Priant dans sa langue ou la nôtre :
" Mein Kind ! mein Kind " O vie cruelle !
" Mon fils ! Mon fils " murmurait l’autre.
***** 7
Et j’entendais, au même instant,
Sur un affreux champ de carnage,
Contre la souffrance luttant,
Gémir deux enfants du même âge
***** 8
Les deux soldats se ressemblaient,
Mourant quand il fait bon vivre ;
Et leurs pauvres membres tremblaient,
Bleuis par la bise et le givre.
***** 9
Ils s’éteignaient dans un ravin,
En proie aux angoisses dernières ;
Leurs yeux suivaient de loin en vain
La longue file des civières.
***** 10
Etrange réveil du passé,
Qui précède l’adieu suprême,
Evoquant pour chaque blessé
La vision de ce qu’il aime ;
***** 11
Et ces deux âmes, à l’heure sacrée
Où la mort, en passant, vous touche
Jetaient l’appel désespéré !
Que les petits ont à la bouche
***** 12
Les yeux remplis de souvenirs
Une main sur la plaie grande ouverte
Comme s’ils sentaient le froid venir
Dans la grande plaine déserte :
***** 13
" Mutter !... Mutter ! ... ( Mère )
Komm doch bei mir ( Viens, près de moi ! ) :
" Maman !... Maman ! (Implorait l’autre enfant )
Viens, je vais mourir !
Eugène Manuel
Poème 5
Verbales chimères et tragiques dégoûts
*****
Il clame ce Tyrtée(1) aux insanglants lauriers
Que la mort nous est jeu facile
Qu’on rit, qu’on vibre d’aise aux chaleurs des charniers,
Tu sais bien qu’il ment, ce fossile !...
*****
... Redis-lui le grand cri de tous ces morts sans nom
Qui, sourds aux verbales chimères,
N’évoquaient, ô Patrie, ô fureur du canon
Que le pauvre front des mères
*****
... Dis-lui que nous fûmes grands, peut-être ; mais dis bien
Que nous étions sans voix et pâles
Lorsque le vent hurlait à la mort, comme un chien
Et que nous avions peur des râles.
*****
Et qu’il nous descendait de tragiques dégoûts
Au fond de l’âme haletante
A voir porter, la nuit, vers de sommaires trous,
Des morts dans leur toile de tente...
*****
Alexis Danan ( 7 avril 1917)
Note 1 Grec de l’antiquité célèbre pour ses louanges à la guerre
Poème 6
Solitude
*****
...Cassé en angle obtus à peine,
En ses habits d’une autre mode,
Un paysan claudique au lond des labours verts
*****
Les blés sont beaux.
Ils promettent d’user, aux prochaines moissons
L’ardeur des moissonneurs
Et le tranchant des faulx.
*****
Mais ni l’espoir des gains futurs
Et ni la splendeur de l’automne
Ne font fluer la joie
Au coeur du vieux semeur.
*****
Il se penche vers tous les automnes passés
Lorsqu’il allait, robuste encore, par les sentes
Avec, auprès du sien, le pas lourd de son fils.
*****
Leur bonheur était simple en leur humble maison
Où ne vibrera plus le chant grave du garçon
Que la guerre a couché dans les terres étrangères.
*****
Et le vieillard cassé pleure, solitaire...
Poème 7 Les Martyrs
*****
Vous qui dites : "Mourir, c’est le sort le plus beau"
Et qui, sans le connaître exaltez le tombeau,
Venez voir de plus près, dans ses affres fidèle,
Cette mort du soldat qui vous semble si belle.
*****
Vingt hommes à la file, au fond d’une tranchée,
Coltineurs d’explosifs sur leur tête penchée.
Tout à coup, c’est la mort qui passe : un tremblement,
Un souffle rauque, un jet de flamme. En un moment
Les soldats ont fondu dans la rouge fumée,
Et la terre en sautant sur eux s’est refermée.
Quand le brouillard puant s’est enfin dégagé,
Le néant : aux débris du boyau mélangés
Des parcelles de chair et des bouts de capote,
Un bras nu, une main crispée sur une motte,
Des cheveux arrachés, de la boue et du sang.
On retrouverait d’eux, en les réunissant,
Morceau de chair salie, de cervelle ou de moëlle
De quoi remplir à peine une moitié de toile.
*****
Et cet autre ? Le soir, de veille à son créneau,
Il s’est laissé surprendre au moment d’un assaut
Par les lance-flamme d’une attaque hardie.
Echevelé de pourpre et vivant incendie
Il court, mais de ses mains qui flambent peu à peu
Cherche en vain d’arracher ses vêtements en feu.
Il se tord comme un fer rouge dans une forge ;
Des cris terrifiants rissolent dans sa gorge
Qui vont épouvanter les veilleurs dans la nuit.
Il court sans savoir où, mais son bûcher le suit.
La flamme, plus puissante, enfin, qui le terrasse,
Jette sur le sol cuit la flambante carcasse.
Une étouffante odeur monte, de cuir grillé.
Ce n’est plus qu’un débris tout recroquevillé.
Et ce qui fut un homme à la pensée divine
En rougeoyants charbons lentement se calcine,
Laissant, en souvenir de son destin fatal,
Un tas de cendre où luit un fragment de métal.
*****
Et les autres, les millions d’autres, le dirai-je ?
A quoi bon évoquer leur funèbre cortège,
Et leur face tendue, et leurs gestes déments,
Les hommes aplatis sous les effondrements,
Les enterrés tout vifs dans les abris qui croulent,
Les fantassins fauchés par les balles en houle,
Les asphyxiés, les écrasés, les massacrés,
Les malades crachant leurs poumons déchirés,
Spectres dont le bacille épuise la poitrine,
Ceux qui mettent des mois à mourir dans leur ruine.
A quoi bon ! Ils sont trop, on ne les connaît plus.
Un monument, les mots exaltant leurs vertus,
Des fleurs et des drapeaux joyeux ! O morts de France,
N’est-ce pas qu’il ne faut qu’un douloureux silence,
A ceux dont la jeunesse a peuplé les tombeaux ?
Que le sort des martyrs n’est pas tellement beau ?...
Henry Jacques
La symphonie héroïque
Poème 8
Le défilé
*****
...Le régiment défile, et l’enfant s’extasie,
Craintif, et se tenant à la jupe saisie
De sa mère, il admire, avide et stupéfait,
Et tremble. Tout à coup, celle-ci, qui rêvait,
Le regarde, et soudain elle devient peureuse.
La pauvre femme, qui naguère était heureuse
Que pour son fils ce beau régiment paradât,
Craint maintenant qu’il veuille un jour être soldat ;
Et même, bien avant que ce soupçon s’achève,
Son esprit a conçu l’épouvantable rêve
D’un noir champ de bataille où, dans les blés versés,
Sous la lune sinistre, on voit quelques blessés
Qui, mouillés par le sang et la rosée amère,
Se traînent sur leurs mains en appelant leur mère,
Puis qui s’accoudent, puis qui retombent enfin ;
Et, seuls debout alors, des chevaux ayant faim
Qui, baissant vers le sol leurs longs museaux avides,
Broutent le gazon noir entre les morts livides !...
F. Coppée
POEME 9
Petit, lorsque tu seras grand
*****
Petit, lorsque tu seras grand,
On te dira d’aller te battre,
Et l’on te montrera du doigt
Ceux-là qu’il s’agit d’abattre.
*****
On te dira : c’est l’ennemi.
Sus à lui, petit, meurs ou tue,
Eventre-moi cet habit gris
Contre lequel tu t’évertues ;
*****
Et toi tu marcheras, bardé,
Sanglé, parqué, numéroté,
Vivant la tragique aventure
*****
Sans comprendre, enfoui dans la nuit,
Dans la misère et dans le bruit,
Noyé dans la boue et l’ordure,
*****
Jusqu’à ce qu’un morceau de fer
Fasse un pauvre tas de sa chair
Et la disperse en pourriture.
Henensal, instit à Roscoff, 1933
POEME 10
Le dormeur du Val - (Arthur Rimbaud 1854-1891)
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
*****
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
*****
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
*****
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
(Poésies souvenirs)
ces poèmes ont été pris d'un site web : www.prs12.com
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https://jana.canadaboard.net
 
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